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chap. vi b. — la guerre instrument de la politique.

gouvernement, c’est-à-dire par une autorité politique et non militaire.

Cela est entièrement dans l’ordre des choses, car on ne peut prendre aucune décision importante à la guerre sans tenir compte des rapports politiques, et c’est se tromper du tout au tout d’attribuer les insuccès à l’influence que la politique exerce sur la direction. Ce n’est pas cette influence qui est alors mauvaise, en effet, mais bien la politique elle-même, car tant que cette dernière reste ce qu’elle doit être, c’est-à-dire tant que ses vues sont rationnelles, elle ne peut que favorablement agir sur la manière dont la guerre est conduite.

En somme, la politique ne peut exercer d’influence nuisible que lorsqu’elle se promet, de certains moyens et de certaines dispositions militaires, des résultats qu’ils ne peuvent produire. De même qu’une personne qui ne possède pas bien une langue étrangère emploie parfois des expressions qui ne rendent pas exactement sa pensée, la politique peut aussi, dans ces conditions, ordonner des choses qui ne répondent pas à ses intentions.

C’est un cas qui s’est très fréquemment présenté et qui fait bien voir qu’une certaine entente des choses de la guerre est indispensable à la direction politique des États.

Qu’on ne croie pas cependant que nous nous contredisions ici, et que nous prétendions que, lorsque le souverain ne met pas lui-même en mouvement tous les rouages du gouvernement, il faille les qualités d’un ministre de la guerre assidu, d’un ingénieur militaire distingué ou d’un véritable général de campagne pour faire le meilleur ministre d’État, ou, en d’autres termes, que pour remplir ces hautes fonctions il faille avant tout être versé dans les sciences militaires. Nous