l’Europe se virent en partie réduites à l’impuissance et que des événements se réalisèrent dont l’extrême grandeur frappa les imaginations de stupeur, c’est à l’art militaire que l’on crut devoir s’en prendre de la fausseté de tous les calculs. L’art militaire s’était en effet manifestement laissé surprendre par des éventualités qui, bien qu’elles ne se rattachassent pas au cercle d’idées étroites dans lequel la routine et les préjugés le retenaient lui-même, étaient cependant dans l’ordre naturel des choses et par conséquent de réalisation probable.
Se plaçant à un point de vue plus général, quelques observateurs attribuèrent le phénomène à la tyrannie que la politique, en détournant la guerre de ses véritables voies et en la réduisant parfois même à un simple jeu d’escrime, exerçait depuis des siècles sur l’art militaire. Le fait était exact, mais il devait fatalement se produire, et l’erreur consistait à croire qu’on eût pu l’éviter.
D’autres crurent pouvoir tout rapporter à la politique d’isolement alors suivie par l’Autriche, la Prusse, l’Angleterre et les autres puissances.
Est-il bien vrai, cependant, que la stupeur générale dont les esprits furent ainsi frappés provint directement de la manière dont la guerre fut alors conduite et non pas des agissements mêmes de la politique ? En d’autres termes, pour rester dans notre façon de parler, n’est-ce pas bien moins à l’influence de la politique sur la guerre qu’aux fautes mêmes de la politique qu’il convient d’attribuer le désastre ?
Ce n’est pas dans les idées nouvelles et dans les procédés nouveaux que les Français introduisirent à cette époque dans la direction de la guerre, qu’il faut rechercher les causes des actes prodigieux qu’ils accomplirent au dehors, mais bien dans leur caractère national, dans leur nouvel état social, dans leur gouvernement et dans