Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, III.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
197
chap. ix. — renversement de l’ennemi.

troupes qu’il avait tout d’abord envoyées contre ce général. Quant à Wittgenstein, il eût également dû se conformer au mouvement de Barclay, s’il n’eût eu pour mission spéciale de couvrir la seconde capitale de l’empire.

À Ulm, en 1805, Bonaparte décida du sort de l’Italie, bien que cette contrée constituât alors un théâtre de guerre éloigné et à peu près indépendant. Il agit de même pour le Tyrol, en 1809, à Ratisbonne. En 1806, par les batailles d’Iéna et d’Auerstædt, il décida également de tout ce qui pouvait être entrepris contre lui en Westphalie, dans la Hesse et sur la route de Francfort.

Parmi les nombreuses circonstances qui exercent de l’influence sur la résistance des parties excentriques d’un théâtre de guerre, il en est deux qui sont particulièrement favorables à la défense.

La première consiste en ce que, comme dans la campagne de Russie en 1812, les dimensions du territoire envahi soient assez grandes et les forces chargées de le défendre proportionnellement assez fortes, pour que le défenseur ne soit pas contraint de concentrer celles-ci en toute hâte, et, puisse ainsi retarder longtemps le moment où le choc décisif aura lieu sur le point principal.

La seconde circonstance se présente lorsque le concours d’un certain nombre de places fortes donne à un point isolé une indépendance propre extraordinaire. C’est un cas qui se produisit en 1806 en Silésie, mais dont il faut reconnaître que Bonaparte ne tint aucun compte quand, dans sa marche sur Varsovie, il laissa un pareil point sur ses derrières en se contentant de le faire observer par un corps de 20 000 hommes sous les ordres de son frère Jérôme.

On voit par là que, si, bien que dirigé sur le point principal, le choc ne paraît pas devoir ébranler ou