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le plan de guerre.

En aucun cas leurs opérations ne sauraient exercer d’influence sur les deux grandes attaques qui en doivent absolument rester indépendantes.

Si la France s’avise encore de vouloir opprimer l’Europe comme elle l’a fait pendant 150 ans, nous avons la conviction qu’en procédant ainsi on l’en fera chaque fois repentir. C’est au delà de Paris et sur la Loire même, qu’il faut châtier cette orgueilleuse puissance, et la contraindre à se soumettre aux conditions que le repos du monde réclame. C’est ainsi seulement que le rapport, qui se présente entre les 75 millions d’habitants des États coalisés et les 30 millions de ceux de la France, manifestera promptement sa puissance, tandis que si, revenant à la méthode qui a prévalu pendant un siècle et demi, on fractionne les forces de la coalition sur la frontière depuis Dunkerque jusqu’à Gênes, en un chapelet d’armées ayant chacune son petit objectif particulier, on ne surmontera jamais l’inertie, le frottement et les influences étrangères qui se produisent partout, et renaissent sans cesse dans les armées coalisées.

Mais, il faut le reconnaître, les règles sur lesquelles repose la formation de l’armée fédérale sont loin de faciliter les dispositions à prendre pour l’exécution du plan que nous indiquons ici. Dans cette organisation, en effet, ce sont les États fédérés qui forment le centre de puissance de l’Allemagne, ce qui paralyse les forces de la Prusse et de l’Autriche, et enlève à ces deux États la prépondérance qui leur revient naturellement. Un État fédératif constitue à la guerre un noyau très inconsistant, et n’admet ni unité, ni énergie, ni autorité, ni responsabilité, ni choix judicieux du commandant en chef.

L’Autriche et la Prusse sont les deux centres naturels de résistance, de force et de mouvement de l’Empire d’Allemagne. Puissances monarchiques, habituées à la