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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, IV.djvu/115

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CHAPITRE VII

du frottement à la guerre.


Il faut avoir fait campagne pour comprendre en quoi consistent les difficultés dont il est sans cesse question à la guerre, et ne pas taxer d’exagération le talent supérieur et les grandes qualités de l’âme et du cœur que l’on exige du général en chef. Tout paraît si simple dans l’art militaire, les connaissances nécessaires si limitées et les combinaisons si insignifiantes, que, par son aspect scientifique, le moindre problème de hautes mathématiques en impose davantage à l’esprit. Dès que l’on a vu la guerre, par contre, tout devient compréhensible, sans qu’il soit cependant facile d’expliquer la raison de ce changement et de nommer ce facteur invisible et partout agissant.

Bien que tout soit simple à la guerre, les choses les plus simples y sont difficiles, et les difficultés, en s’accumulant, produisent un frottement dont, sans avoir fait la guerre, personne ne peut se faire une idée exacte. Qu’on se représente un voyageur qui se propose de franchir encore deux relais de poste avant la fin du jour. Il se dit que, sur une bonne route et avec de bons chevaux, ce sera l’affaire de quatre à cinq heures. Il éprouve cependant déjà quelque peine à atteindre