Aller au contenu

Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, IV.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
du frottement à la guerre.

dant dans la réalité, et la guerre fait immédiatement ressortir tout ce qu’il y a de faux ou d’exagéré dans la conception théorique. Le bataillon reste toujours composé d’un certain nombre d’hommes dont, au gré du hasard, chacun peut, à un moment donné, produire une irrégularité ou un temps d’arrêt. Les dangers que la guerre comporte et les efforts physiques qu’elle exige augmentent si fort ce mal, qu’on les en peut tenir pour les causes principales.

Comme il n’est pas possible de concentrer cet énorme frottement ainsi qu’on arrive à le faire dans la mécanique, il reste constamment soumis à l’action du hasard et produit, par suite, des phénomènes qu’on ne saurait absolument prévoir. Dans une circonstance, grâce au brouillard, on n’aperçoit pas l’ennemi en temps utile, une batterie n’ouvre pas le feu à propos, un ordre ne parvient pas au chef auquel il est destiné ; dans une autre, le terrain défoncé par la pluie empêche un bataillon d’arriver ou fait avorter une charge de cavalerie, etc., etc., etc.

Nous ne donnons ces quelques détails que pour indiquer exactement ce dont nous entendons parler, mais nous pourrions en remplir des volumes, tant sont nombreuses les petites difficultés contre lesquelles on se heurte continuellement à la guerre.

Nous terminerons cependant ce chapitre par les quelques observations suivantes :

Faire la guerre, c’est agir dans un milieu incessamment hérissé de difficultés et d’obstacles. Or, de même que la moindre action, — la marche par exemple, — ne peut s’exécuter avec autant de facilité et de précision dans l’eau que hors de l’eau, de même, avec des forces qui suffiraient largement dans la vie ordinaire, on parvient à peine à se maintenir sur la ligne de la médiocrité à la guerre. Il suit de là que, pour édifier