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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, IV.djvu/141

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de la théorie de la guerre.

proprement dite de la guerre, — l’emploi logique des moyens organisés, — ne pouvait être déterminée d’avance par la théorie, et que, par suite, il fallait en laisser l’initiative aux aptitudes naturelles de ceux qui exercent le commandement. Peu à peu, cependant, et au fur et à mesure que la guerre, s’éloignant de la forme brutale qu’elle avait eue au moyen âge, prit des allures plus régulières et moins constamment uniformes, il se produisit un mouvement intellectuel à ce propos, mais dont on ne trouve néanmoins encore qu’un timide témoignage dans les mémoires et les récits de l’époque.


De l’étude des événements militaires naquit le besoin d’édifier une théorie.


Peu à peu, ce mouvement intellectuel s’accentuant, l’histoire militaire prit de plus en plus le caractère critique, et l’on sentit enfin le besoin de réunir en un corps de doctrine des principes et des règles sur lesquels la controverse pût s’appuyer.


On chercha d’abord à ériger une doctrine positive.


On s’efforça tout d’abord d’ériger des principes, des lois, voire même des systèmes pour la conduite de la guerre ; mais, en procédant ainsi, on se proposait d’atteindre un but positif, sans s’être encore exactement rendu compte des difficultés sans fin que présente la question sous ce rapport. Ainsi que nous l’avons déjà montré, la conduite de la guerre s’étend jusqu’à des limites indéterminées dans presque toutes les directions, et, comme tout système, toute doctrine a la nature limitative d’une synthèse, il y a nécessairement contradiction formelle entre une pareille théorie et la pratique.