Aller au contenu

Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, IV.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
173
de la critique.

critique, de même que la direction à la guerre, ne les doit donc pas considérer comme des formules obligatoires, mais bien comme des guides et des points d’appui dans les déterminations à prendre. S’il est admis dans la tactique, par exemple, que la cavalerie doit être placée derrière l’infanterie et non pas sur les ailes, dans l’ordre général de bataille, il y aurait cependant pédanterie à condamner de prime abord, et en raison de cet axiome seul, toute modification apportée à cette disposition. La critique doit rechercher par quels motifs on s’est écarté de la règle générale, et ce n’est que lorsque ces motifs lui semblent insuffisants, qu’elle est en droit de condamner le procédé et d’en appeler à la théorie. De même, bien qu’il soit théoriquement reconnu que, en divisant les forces dans l’attaque, on diminue les probabilités du succès, il serait également déraisonnable, ne s’étant pas au préalable donné la peine de rechercher comment les choses se sont passées, soit d’affirmer invariablement que cette manière d’agir a été cause de l’insuccès partout où il s’est produit, soit, dans le cas contraire, c’est-à-dire dans toutes les circonstances où des attaques divisées ont réussi, d’en conclure que le principe posé par la théorie est faux. L’esprit d’examen, qui doit animer la critique, la doit garantir de ces erreurs ; les résultats que la recherche analytique a introduits dans la théorie constituent son principal appui, et, s’ils sont dans la théorie, c’est précisément pour que la critique s’en serve, sans avoir à en faire elle-même de nouveau la démonstration.

La double mission de rechercher l’effet qu’une cause a produit, et de reconnaître si le moyen employé a répondu au but à atteindre, ne présente que peu de difficulté pour la critique, tant que la distance qui sépare l’effet de la cause et le but du moyen n’est pas considérable.