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de la nature de la guerre.

comme par exemple lorsqu’il s’agit de la conquête d’une province ; parfois au contraire, ne pouvant directement atteindre le but politique, l’action militaire doit viser un objet tel qu’on puisse le faire valoir comme équivalent lorsque les négociations pour la paix s’ouvriront. Mais ici encore il faut tenir compte du caractère des nations opposées. Dans certaines conditions, pour conduire au but politique, l’équivalent obtenu par l’action militaire doit lui être de beaucoup supérieur. Par contre, moins il y a de tension entre les masses en raison de leurs rapports, moins elles prennent personnellement part à la guerre, et plus le but politique conserve d’autorité, si bien qu’il arrive parfois qu’il décide à peu près seul.

Or, dans les guerres où l’action militaire vise un objectif équivalent au but politique, la grandeur du premier décroît en général avec celle du second, ce qui explique, sans impliquer contradiction, qu’il y ait des guerres de tous les degrés d’importance et d’énergie, depuis la guerre d’extermination jusqu’à la simple observation armée. Ceci nous conduit à une nouvelle question qu’il nous faut tout d’abord développer et résoudre.


12. — Ce qui précède n’explique pas encore une interruption dans l’acte de guerre.

Si limitées que soient les prétentions des deux adversaires, si faibles que soient les moyens dont ils les appuient, si modeste que soit leur objectif militaire, une fois commencé, l’acte de guerre peut-il un instant être interrompu ? Cette question entre profondément dans le cœur du sujet.

La durée d’une action représente le temps nécessaire à son complet accomplissement. Cette durée peut être