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de la théorie de la guerre.

instrument privé de vie et dont l’action ne s’exerce strictement que dans la mesure prescrite.

C’est ainsi que le courage ne se borne pas à faire contre-poids au danger et à en neutraliser les effets, mais qu’il constitue bien véritablement par lui-même une grandeur morale.


Étendue de l’influence que le danger exerce à la guerre.


Pour se rendre exactement compte de l’influence que le danger exerce sur la direction à la guerre, il n’en faut pas limiter le domaine au danger physique actuel.

Le danger agit sur celui qui dirige l’action, non seulement en le menaçant dans sa propre personne, mais aussi dans la personne de tous ceux qui sont placés sous ses ordres ; non seulement dans le moment présent, mais dans tous les instants qui ont rapport à ce moment ; non seulement, enfin, en pesant directement sur lui, mais indirectement encore, en décuplant le poids de la responsabilité qui incombe au commandement. Quel est l’homme, en effet, qui oserait conseiller de livrer une grande bataille, ou en prendre lui même la résolution, sans se sentir l’esprit ému ou troublé à la pensée du danger et de la responsabilité que comporte une décision d’une si haute gravité ? À la guerre, on peut vraiment dire qu’il n’est pas de fonction, pour peu qu’elle soit effective, c’est-à-dire lorsqu’elle ne constitue pas uniquement un acte de présence, qui sorte jamais entièrement de la sphère du danger.


Autres forces morales.


De toutes les forces morales qui sollicitent l’homme à l’action dans l’habitude de la vie, — en dehors même de