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poulet, que je mangeai d’aſſez bon appétit, & deux ou trois verres de vin me remirent en état de ſupporter une nouvelle épreuve. Mon amant ne tarda pas à s’en appercevoir, par les tranſports & la tendre fureur avec leſquels je me livrai à ſes embraſſemens. Il inſinua ſes cuiſſes entre les miennes, & s’élançant de nouveau, il élargit, perça la voie, non ſans me faire encore beaucoup ſouffrir ; mais j’étouffai mes cris, & ſupportai l’opération en véritable héroïne. Cependant, quelques ſoupirs languiſſans qui lui échapperent, un doux friſſon qui lui prit, m’annoncerent qu’il touchoit au ſouverain plaiſir, que la douleur, toujours trop cuiſante, m’empêchoit de partager.

Ce ne fut qu’après quelques aſſauts de plus, que je ſentis pleinement l’éjaculation délicieuſe & balſamique, qui me fit paſſer par l’excès des douleurs au comble de la félicité. Je commençai alors à