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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/169

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baiſois, je le ſerrois dans mes bras ; mais le pauvre garçon, devenu inſenſible à mes carreſſes, ne remuoit pas plus qu’une ſtatue.

Monſieur H.... rentra un moment après, & nous ayant fait venir devant lui, il me demanda d’un ton flegmatique à me déſeſpérer, ce que je pouvois dire pour juſtifier l’affront humiliant que je venois de lui faire ? Je lui répondis en pleurant, ſans aggraver mon crime par le ſtyle audacieux d’une courtiſanne effrontée, que je n’aurois jamais eu la penſée de lui manquer à ce point, s’il ne m’en avoit, en quelque maniere, donné l’exemple, en s’abaiſſant juſqu’aux dernieres privautés avec ma ſervante ; que toutefois je ne prétendois pas excuſer ma faute par la ſienne ; qu’au contraire, j’avouois que mon offenſe étoit de nature à ne point mériter de pardon ; mais que je le ſuppliois d’obſerver que c’étoit moi qui avois ſéduit ſon valet dans un eſprit