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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/178

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que tenant une maiſon de plaiſir, il n’y avoit point de genre de lubricité & de débauche auquel elle ne formât ſes filles pour ſatisfaire au goût & au caprice de ſes chalands ; dans de meilleures, parce que qui que ce ſoit ne connoiſſant mieux la vie de Londres, n’étoit plus en état de donner de bons avis & de garantir de jeunes proſélites des dangers du métier. Ce qu’il y avoit de plus recommandable en elle, c’eſt qu’elle ſe contentoit d’un médiocre profit, & ſuivoit plutôt la profeſſion par goût que par intérêt : auſſi étoit-elle la grande pourvoyeuſe des gens de la premiere diſtinction.

Cette ſerviable matrone m’admit dans ſon ſerrail près du Commun Jardin[1]. Elle tenoit pour la forme une petite boutique de lingere, où la plupart de ſes Demoiſelles faiſoient, ſemblant de travailler à certaines heures, avec une

  1. Quartier de la comédie, où il y a beaucoup de catins.