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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/195

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„ yeux remplis de larmes, en me priant de lui pardonner, & en me promettant de me donner toute la réparation qu’il ſeroit en ſon pouvoir de me faire. Il eſt certain que ſi mes forces l’avoient permis dans cet inſtant, je me ſerois portée à la vengeance la plus ſanglante ; tant me parut affreuſe la maniere dont il avoit récompenſé mon ardeur à le ſauver ; quoiqu’à la vérité il ignorât ma bonne volonté à cet égard.

„ Mais avec quelle rapidité l’homme ne paſſe-t-il point d’un ſentiment à un autre ? Je ne pus voir ſans émotion mon aimable criminel fixé à mes pieds, & mouiller de larmes une main que je lui avois abandonnée, & qu’il couvroit de mille tendres baiſers. Il étoit toujours nû, mais ma modeſtie avoit reçu un outrage trop cruel pour redouter déſormais la contemplation du plus beau corps qu’on puiſſe voir ;