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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/197

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dormie là, ſans quelque deſſein prémédité. S’étant donc approché de moi, & reſtant en ſuſpens de ce qu’il devoit croire de cette aventure, il me prit à tout hazard entre ſes bras, pour me porter ſur le lit de joncs qui ſe trouvoit dans le cabinet, dont la porte étoit entr’ouverte. Là, il eſſaya, ſelon qu’il me le proteſta, tous les moyens poſſibles pour me rappeller à moi-même, mais ſans le moindre ſuccès. Enfin, enflammé par la vue & l’attouchement de tous mes charmes, il ne put retenir l’ardeur dont il brûloit, & les tentations plus qu’humaines, que la ſolitude & la ſécurité ne faiſoient qu’accroître, l’animant de plus en plus, il me plaça alors, ſelon ſon gré, ſur l’autel où devoit expirer cette tendre victime de ſa paſſion ; & ſe mit incontinent à ſatisfaire ſon amour, juſqu’à ce que tirée de mon aſſoupiſſement par la douleur qu’il me cauſoit, je vis moi-même le reſte de cette