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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/212

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„ arrachées une douleur cuiſante & momentanée, furent appaiſées, & je m’abandonnai ſans réſerve à tous les tranſports de l’amour, auquel je livrai, avec raviſſement, toutes mes facultés ; étroitement unie avec mon jeune amant, ſon allumelle, enfoncée juſqu’aux gardes dans ma bleſſure, y verſoit le plaiſir à grands flots ; plus de douleurs déſormais, l’ouverture étoit faite, & je jouiſſois d’autant plus délicieuſement, que j’avois longtems langui après la poſſeſſion du joyau qui étoit tout entier dans mon étui. Bientôt ſubmergée par un torrent de perles liquides, j’épanchai, de mon côté, cette liqueur glutineuſe, qui fait naître une ivreſſe trop ſentie, pour ne pas s’y livrer avec raviſſement.

„ C’eſt ainſi (continua l’ardente Louiſe) que je vis s’accomplir mes plus violens deſirs ; & que je perdis cette babiole dont la garde eſt ſemée de