Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/25

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me demandant ſi je n’avois beſoin de rien. Je lui répondis naïvement que non ; mais que je le priois de me faire avoir un logement pour cette nuit. L’Hôteſſe parut, & me dit ſéchement, ſans être touchée de l’état où elle me voyoit, que j’aurois un lit pour un ſchelling, & que ne doutant pas que je n’euſſe des amis dans la Ville, je pourrois me pourvoir le lendemain. Dès que je me vis aſſurée d’un lit, je repris courage, & réſolus d’aller le jour ſuivant au Bureau, dont Eſther m’avoit donné l’adreſſe ſur le revers d’une Chanſon.

L’impatience où j’étois de mettre mon projet à exécution, me rendit matineuſe. Je mis à la hâte mes plus beaux atours de Village, & laiſſant l’Hôteſſe dépoſitaire de mon petit butin, je m’en fus droit au lieu qui m’étoit indiqué. Une vieille Matrone tenoit cette maiſon. Elle étoit aſſiſe devant une table avec un gros régître, où paroiſſoit griffonné par ordre