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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/251

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mon nom & ma demeure, il me chargea des fruits les plus rares qu’il put trouver, & partit fort content, ſans doute, de cette heureuſe rencontre.

Dès que je fus arrivée à la maiſon, je fis part à Madame Cole de l’aventure que j’avois eue ; d’où elle conclut ſagement, que s’il ne venoit point me trouver, il n’y avoit aucun mal ; mais que s’il paſſoit chez elle, il faudroit examiner ſi l’oiſeau valoit bien les filets.

Notre drôle vint le lendemain matin dans ſa voiture, & fut reçu par Madame Cole, qui s’apperçut bientôt que j’avois fait une trop vive impreſſion ſur ſes ſens, pour craindre de le perdre : car, pour moi, j’affectois de tenir la tête baiſſée, & ſemblois redouter ſa vue. Après qu’il eut donné ſon adreſſe à Madame Cole, & payé fort libéralement ce qu’il venoit d’acheter, il retourna dans ſon carroſſe.

J’appris bientôt que ce Seigneur n’étoit autre choſe que Mr. Norbert, d’une for-