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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/289

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de mon hiſtoire, je crois devoir rapporter ici deux aventures, dans leſquelles je fus mêlée, & qui ſerviront à faire connoître mes deux compagnes.

Un matin que Madame Cole & nos autres Nymphes étoient ſorties, nous fimes entrer dans la boutique un gueux qui vendoit des bouquets. Le pauvre garçon étoit inſenſé & ſi bégue, qu’à peine pouvoit-on l’entendre. On l’appelloit dans le quartier Dick le bon, parce qu’il n’avoit pas l’eſprit d’être méchant, & que les voiſins, abuſant de ſa ſimplicité, en faiſoient ce qu’ils vouloient. Au reſte, il étoit bien fait de ſa perſonne, jeune, robuſte & d’une figure aſſez revenante pour tenter quiconque n’auroit point eu de dégoût pour la malpropreté & les guenilles.

Nous lui avions ſouvent acheté des fleurs par pure compaſſion ; mais Louiſe qu’un autre motif excitoit alors, ayant