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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/292

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table morceau, je le découvris dans toute ſon étendue & ſa pompeuſe forme. J’avoue qu’il n’étoit guere poſſible de rien voir de plus ſuperbe. Auſſi ma laſcive compagne, ravie en admiration, & domptée par le démon de la concupiſcence, me l’ôta bruſquement de la main ; puis tirant comme on fait un âne par le licou, le paiſible Dick vers le lit, elle s’y laiſſa tomber à la renverſe, & ſans lâcher priſe, le guida dans le charmant labyrinthe des amours. L’innocent y fut à peine introduit, que l’inſtinct lui apprit le reſte. Il enfonça, déchira, pourfendit la pauvre Louiſe ; mais elle eut beau crier ; il étoit trop tard. Le fier agent, animé par le puiſſant aiguillon du plaiſir, devint ſi furieux, qu’il me fit trembler pour la patiente. Son viſage étoit tout en feu, ſes yeux étincelloient, il grinçoit les dents, tout ſon corps, agité d’une impétueuſe rage, faiſoit voir avec quel excès de force la nature opéroit en lui. Tel on voit un jeune taureau