Aller au contenu

Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 214 )

tuels. Agités l’un & l’autre d’une fureur égale, ils ſembloient poſſédés du démon de la luxure. Sans doute ils auroient ſuccombé à tant d’efforts, ſi la criſe délicieuſe de la ſuprême joie ne les eût arrêtés ſubitement, & n’eût terminé le combat.

C’étoit une choſe pitoyable, & burleſque à la fois, de voir la contenance du pauvre inſenſé après cet exploit. Il paroiſſoit plus imbécile & plus hébété de moitié qu’auparavant, Tantôt d’un air ſtupéfait il laiſſoit tomber un regard morne & languiſſant ſur le déplorable & flaſque inſtrument qui venoit de lui faire tant de plaiſir ; tantôt il fixoit d’un œil triſte & hagard Louiſe, & ſembloit lui demander l’explication d’un pareil phénomene. Enfin, l’idiot ayant petit à petit repris ſes ſens, ſon premier ſoin fut de courir à ſon panier & de compter ſes bouquets. Nous les lui prîmes tous, & les lui payâmes le prix ordinaire,