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diſſiperent en leur compagnie comme la roſée du matin diſparoît aux rayons du ſoleil.

Madame Brown me gardoit pourtant toujours ſous ſes yeux juſqu’à l’arrivée d’un Seigneur avec qui elle devoit trafiquer de ce joyau frivole qu’on priſe tant, & que j’aurois donné pour rien au premier crocheteur qui auroit voulu m’en débarraſſer ; car dans le court eſpace que j’avois été livrée à mes compagnes, j’étois devenue ſi bonne théoricienne, qu’il ne me manquoit plus que l’occaſion pour mettre leurs leçons en pratique. Juſques là je n’avois encore entendu que des diſcours : je brûlois de voir des choſes ; le haſard me ſatisfit ſur cet article, lorſque je m’y attendois le moins.

Un jour vers le midi, que j’étois dans une petite garde-robe obſcure, ſéparée de la chambre de Madame Brown par une porte vitrée, j’entendis je ne ſais