Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/104

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Elle loua dans Saint-James’s-Street trois maisons qui se touchaient les unes aux autres ; elle les fit meubler dans le goût le plus élégant ; les appartements étaient ornés de glaces qui réfléchissaient de tous côtés les objets ; elle fit pratiquer des escaliers de communication pour passer d’une maison dans l’autre :, Elle appelle ces trois maisons les temples de l’Aurore, de Flore et du Mystère. L’entrée principale du sérail de Miss Fa…kl…d est par la maison du milieu, que l’on intitule le temple de Flore ; la maison à gauche est le temple de l’Aurore, et celle à droite se nomme le temple du Mystère.

« Le Temple de l’Aurore est composé de douze jeunes filles, depuis l’âge de onze ans jusqu’à seize ; lorsqu’elles entrent dans leur seizième année, elles passent aussitôt dans le temple de Flore, mais jamais avant cette époque ; celles qui sortent du temple de l’Aurore sont remplacées sur-le-champ par d’autres jeunes personnes, pas plus âgées de onze ans, afin de ne pas faire de passe-droit ; de. manière que cette maison, que Miss Fa…kl…d appelle le premier noviciat du plaisir, est toujours composée du même nombre de nonnes.

« Ces jeunes personnes sont élégamment habillées et bien nourries ; elles ont deux gouvernantes qui ont soin d’elles et ne les quittent point. On leur enseigne à lire et à écrire si elles ne le savent pas, ainsi qu’à festonner et à broder au tambour ; elles ont un maître de danse pour donner à leur corps un maintien noble et aisé ; elles ont également à leur disposition une bibliothèque de livres agréables, au nombre desquels sont La Fille de joie et autres ouvrages de ce genre, qu’on leur fait lire principalement, afin d’enflammer de bonne heure leurs sens ; les gouvernantes sont même chargées de leur insinuer, avec une sorte de mystère, pour leur donner plus de désir, les sensations et les plaisirs