Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/137

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procurer les plaisirs les plus variés, tels que bonne chère, musique, promenades obscures et solitaires, allées garnies de mille lampions, et l’on y trouvait pêle-mêle les beautés les plus fameuses de Londres ; depuis le plus haut jusqu’au plus bas étage. »

Perdu de dettes, John Cleland fut mis en prison, et c’est pour se libérer que, sur la proposition d’un libraire, il écrivit les Memoirs of a woman of pleasure, autrement Fanny Hill, œuvre remarquable ; libre, mais délicate. Elle lui fut payée 20 guinées.

On ne sait pas bien si la première édition des Memoirs parut en 1 747, 1748, 1749 ou 1750. On pense que l’éditeur en fut le libraire Griffiths, qui publiait The Monthly Review. Cela paraît probable, car dès 1760 Griffith publia, sous le titre de Memoirs of Fanny Hill, une édition publique, mais très adoucie de l’ouvrage de Cleland, et le Monthly Review fit l’éloge d’un ouvrage dont la publication clandestine et le texte expurgé, mais publié ouvertement, lui rapportèrent.10, 000 guinées.

Poursuivi pour l’avoir écrit, Cleland allégua sa pauvreté comme excuse, et le Président qui le jugeait et qui était le comte Granville lui fit une pension de 100 livres sterling par an. La seule condition était de ne plus écrire d’ouvrages libres. Cleland observa cette condition et toucha sa pension jusqu’à la fin de sa vie. Il vécut dans l’étude, à l’écart de la société qui ne lui pardonnait pas d’avoir écrit les Memoirs. Cleland était un épicurien très doux, très cultivé. Il vivait dans la retraite, ne voyant que quelques amis, qu’il charmait par son érudition aimable et inépuisable. Il avait une bibliothèque pleine de livres rares et précieux.

Il mourut tranquillement le 23 janvier 1789.