Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/50

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touche miraculeuse, afin d’en obtenir une parfaite guérison.

« — Comme les frères des séminaires adjacents viennent visiter leurs sœurs de la manière amicale qui convient à leurs caractères, dans le dessein de les convertir et d’apporter du soulagement à leur âme, de même les sœurs, en pareilles occasions, doivent ouvrir leurs seins et ne rien cacher à ces dignes frères.

« — Comme les richesses de ce monde sont au-dessous de l’attention des dévotes qui se sont séquestrées dans ce cloître, la digne patronne, sainte Charlotte, s’approprie, à cet effet, tous les présents, dons et possessions des sœurs, d’une manière tout à fait édifiante, afin de ne pouvoir exciter en elles la vanité ou l’ambition.

« — Sainte Charlotte, en formant cet établissement glorieux et vertueux, ayant en horreur les infidèles et leurs lois, n’en admet aucun dans le couvent ; elle n’aime point les coutumes des Turcs qui défendent de boire du vin ; elle en permet, au contraire, l’usage, surtout dans les instants où l’on sacrifie à la déesse ; ces moments devant être regardés, par la communauté, comme des jours de fêtes qui doivent être distingués en lettres rouges dans le calendrier du séminaire.

« — Sa sévérité ne s’étend point à priver les sœurs de la jouissance des plaisirs raisonnables et innocents ; sous ce rapport, elle considère les représentations dramatiques de toute espèce ; elle leur permet de visiter souvent les théâtres et même l’opéra. Elle a loué à cet effet, dans chacun de ces endroits, une loge particulière, sous la dénomination de séminaire de Sainte-Charlotte. Comme les jésuites irlandais et autres prêtres de ce pays sont en grand nombre dans cette capitale et que ces prêtres sont connus pour être pauvres et dans le besoin, elle avertit particulièrement les