Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/61

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de marine, qui n’est pas très délicat dans ses attachements pour le sexe et qui avait déjà vendu sa femme à un riche baronnet, offrit à Emilie de l’épouser ; mais, soit qu’elle soupçonnât que sa première femme était encore vivante, soit qu’elle craignît qu’il eut l’intention de la traiter comme sa première épouse, elle refusa le mariage, quoique la personne du capitaine lui convînt beaucoup. En général, Emilie est une fille de joie, mais elle n’en a point les sentiments ; elle peut servir d’exemple aux sœurs de la communauté et leur inspirer de la dignité dans l’exercice de leur profession.



« … Dans les alentours de King’s-Place, nous sommes restés assez longtemps, et nous allons faire une petite excursion à Curzon-Street, May-Fair. Dans cet endroit demeurait Mme Bnks, femme intelligente, assidue et polie, qui, ayant assez de bon sens pour se convaincre qu’elle n’avait plus de charmes suffisants pour captiver les adorateurs, résolut de tourner à son avantage les talents que la nature lui avait accordés, en bénéficiant sur la beauté et les attraits des jeunes personnes de son sexe. Dans cette vue, elle rechercha la connaissance des belles voluptueuses de la ville. Les femmes galantes qui ne désiraient que satisfaire leur passion amoureuse étaient sûres, par son agence, de trouver chez elle des coureurs forts et nerveux, qui ne manquaient jamais de donner les preuves les plus convaincantes de leur connaissance et habileté. Quant à celles qui étaient dans l’indigence et qui se trouvaient forcées de faire un métier de leurs charmes, elle avait toujours pour elles un magasin constant des meilleurs marchands des alentours de