Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/66

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pour la prostitution, un grand nombre de jolies nonnes innocentes et confiantes. La plupart de ces avertissements étaient d’une nature sérieuse et portaient avec eux, pour toutes les jeunes personnes qui se proposaient d’entrer en service, toutes les apparences de la vérité, de la sincérité et le témoignage de la bonté du lieu ; quelquefois Charlotte enjolivait son style en donnant à entendre que l’on serait chez elle sur le pied d’amie, et par ces publications badines elle trompait ainsi l’innocence confiante. Voici un avertissement qu’elle fit paraître il y a quelque temps et qu’elle adressa à George Sn :

« — On a besoin d’une jeune personne de vingt ans, tout au plus, d’une bonne famille, qui ait eu la petite vérole et qui n’ait, en aucune manière, servi dans la capitale ; elle doit savoir tourner ses mains à toute chose, vu qu’on se propose de la mettre sous un cuisinier habile et très expérimenté ; elle doit entendre le repassage et connaître la boulangerie, ou du moins en savoir assez pour faire soulever la pâte ; elle doit avoir également assez de connaissances pour conserver le fruit. On lui donnera de bons gages et de grands encouragements si elle devient habile et si elle conçoit facilement et profite des instructions qui lui seront faites pour son avantage. »

« Tout badin que puisse paraître cet avertissement, il produisit néanmoins son effet et il procura au moins une demi-douzaine de jeunes personnes qui, en conséquence, se présentèrent pour entrer au service et qui profitèrent bientôt des instructions qui leur étaient données.

« Charlotte, par ses ruses, avait initié dans les secrets de son séminaire une douzaine de jeunes filles, belles, florissantes et saines ; elle commença d’abord par leur faire apprendre un nouveau genre d’amusement pour divertir ses nobles et honorables convives, et, après leur avoir fait subir,