Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/68

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cérémonies, d’autant qu’elles sont plus que curieuses et vraiment philosophiques. Il dit :

« — Cet événement n’est pas mentionné comme un objet de curiosité oisive, mais il mérite au contraire d’être considéré et de déterminer ce qui a été longtemps débattu en philosophie, si la honte qui accompagne certaines actions, qui, de tous les côtés, sont reconnues être en elles-mêmes innocentes, est imprimée par la nature ou cachée par la coutume : si elle a son origine dans la coutume, quelque générale qu’elle soit, il sera difficile de remonter jusqu’à sa source ; si c’est dans l’instinct, il ne sera pas moins difficile de découvrir pour quel sujet elle fut surmontée par ce peuple dans les mœurs duquel on n’en trouve pas la moindre trace. »

« Voyage de Hawkesworth, v. 2, p. 128.

« Mme Hayes avait certainement consulté ce passage avec une attention toute particulière, et elle conclut que la honte en pareille occasion « était seulement cachée par la coutume ». Ayant donc assez de philosophie naturelle pour surmonter tous les préjugés, elle résolut non seulement d’apprendre à ses nonnes toutes les cérémonies de Vénus telles qu’elles sont observées à Otaïti, mais aussi de les augmenter de l’invention, imagination et caprice de l’Arétin. C’était donc à cet effet que dans les répétitions qu’elle avait fait faire à ses nouvelles actrices, elle avait assigné à chacune d’elles les gestes et postures dans lesquels elles étaient déjà très expérimentées.

« Il se trouva à cette fête lubrique vingt-trois visiteurs, de la première noblesse, des baronnets et cinq personnages de la Chambre des Communes.

« L’horloge n’eut pas plus tôt sonné sept heures que la fête commença. Mme Hayes avait engagé douze jeunes gens