Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/87

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taillés et d’y être pourvus des vins et autres liqueurs nécessaires pour poursuivre notre voyage à travers les détroits de King’s-Place.

« Mme Dubéry est une femme du monde, et quoiqu’elle n’ait jamais lu les Lettres de Chesterfield, elle peut découper une pièce avec autant d’adresse et de dextérité que milord lui-même. En effet, aucune femme ne fait les honneurs de la table avec autant de propreté et d’élégance qu’elle. Quoiqu’elle ait reçu une éducation d’école et que ses mœurs furent un peu viciées par de mauvais exemples et par la lecture des Bijoux indiscrets, ses manières sont si polies qu’elle paraît en quelque sorte une femme de ton ; elle abhorre tout ce qui est vulgaire et ne se sert jamais d’expressions qui choquent la bienséance ; elle a quelque teinture de la langue française ; elle parle un peu italien, et, par le secours de ces langues, elle peut accommoder les seigneurs étrangers aussi bien que les sénateurs anglais : c’est pour cette raison que les ministres étrangers visitent souvent son séminaire et trouvent toute la satisfaction qu’ils désirent.

Le comte de B…, M. de M…p…n, le baron de N…, M. de D…, le comte de M… et le comte H… conviennent tous que les traités de cette maison sont dignes du corps diplomatique. En un mot, tout le département du Nord vient, suivant l’occasion, y faire sa visite, et Mme Dubéry n’est pas sans les plus grandes espérances que le département méridional suivra bientôt leur exemple.

« Il ne faut cependant pas s’imaginer que les visiteurs de Mme Dubéry étaient tous des membres du corps diplomatique ; non, assurément…