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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/103

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DÉMOSTHÈNE

que des victoires, était de laisser derrière lui des pays soumis, « gouvernés » jusqu’à la dernière goutte de sang, selon les méthodes de l’Asie. Pour cela, il lui suffisait, comme j’ai dit, de trouver des gouverneurs intéressés et désintéressés à la fois.

Peut-on s’étonner qu’Harpale, gouverneur de Suze, amassant des « trésors » pour le compte d’Alexandre, n’ait pas admis sans appréhension qu’il vînt lui demander des comptes ? Le plus prudent lui parut être de s’enfuir avec le bien d’Alexandre et le sien, également composés du bien d’autrui.

Il se présenta donc au Pirée avec ses trésors et six mille mercenaires à mettre au service d’Athènes pour marcher contre Alexandre. D’accord avec Phocion, Démosthène refusa sagement d’engager une telle aventure. Harpale, alors, arrive en suppliant. Il est emprisonné, tandis que son trésor est déposé à l’Acropole sous la surveillance d’une com mission dont Démosthène, lui-même, fait partie. Mais survient Philoxène qui demande l’extradition d’Harpale au nom d’Alexandre. Grave danger de la résistance, ou déshonneur à céder sous la menace, telle est l’alternative. Démosthène se tut, devenant ainsi le complice naturel des Athéniens eux-mêmes, qui, esprits avisés, perdirent en hésitations tout le temps nécessaire pour permettre