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DÉMOSTHÈNE

pensantes, pas d’autre moyen que de l’amener à croître en désintéressement. Les réactions de patries à patries feront le tissu des développements de notre histoire, pour laquelle il nous faut des cohésions morales de citoyens au lieu d’une poussière d’individus désemparés. Comme l’individu lui-même, les peuples ont leur vie à sauvegarder, à utiliser dans toutes les formations d’humanité aux points de rencontres où attractions et répulsions en viennent à se composer.

Eh bien ! cette puissance de cohésion nationale, la Grèce triomphante d’intellectualités individuelles, ne l’a pas connue, n’a pas voulu la connaître, malgré sa ligue achéenne dont elle ne s’avisa qu’après la destruction de tous les ressorts qui lui auraient donné la vie. La tradition d’une unité sociale n’était pas dans le bagage de l’Asie, contente de trouver, contre les abus de la force, un silencieux refuge de rêves en liberté. La Grèce n’attendit l’avenir que des virtuosités d’intelligences éparses, sans pressentir la grande évolution inaugurée par l’un des siens, Hérodote, ouvrant sur l’avenir les splendeurs d’un portique où des généralisations d’humanités diverses allaient, pas à pas, s’engager.

Cependant, aux dépens du monde hellénique, inconscient de sa puissance, la grande patrie latine était en préparation, tendue, comme Phi-