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Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/73

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DÉMOSTHÈNE

confédèrent. Thèbes, militaire, hésite, mais l’audace de Philippe ne permet pas de différer l’événement. Sans déclaration de guerre, il entre dans Élatée, d’où sa menace directe sur Athènes ne pouvait être tolérée.

Pourquoi cet effarement d’Athènes à la nouvelle de l’entrée de Philippe dans Élatée ? C’est que rien n’était moins attendu. Philippe était alors aux Thermopyles dont les Thébains, concentrés à Nikaia, assuraient la défense. Athènes était couverte. Impossible de forcer le défilé. Pour le tourner, il eût fallu traverser la Phocide de part en part, et les Phocidiens écrasés par Philippe (villes rasées, campagnes dévastées, tribut semestriel) n’y auraient pas prêté leur concours. Mais voici que des textes montrent des villes rebâties, l’État reconstitué. Les versements semestriels, dont des inscriptions nous ont gardé les quittances, cessent brusquement. C’est Philippe qui paie son libre droit de passage en Phocide pour fondre sur Élatée. Moyennant quoi les Athéniens, qui s’attendaient à la guerre en Thessalie, la voient soudainement à leurs portes. « Un plan profondément combiné, dit Démosthène lui-même, où se révèle Philippe dans toute son habileté. » L’heure redoutable est venue où le coup décisif doit être porté. Dans le plein de sa force, Philippe est prêt à la bataille. Les Athéniens n’en sont toujours qu’à délibérer.