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au soir de la pensée

lumière, chaleur, électricité solaires aient tiré de l’inorganisme une complexité nouvelle, dite de vie organique, se conjuguent pour l’entretenir, dans tous les développements de l’assimilation, les observations universellement acquises concourent à le démontrer. La surface cutanée d’animaux primitifs ne se montre-t-elle pas assez accessible à la lumière pour leur procurer toutes indications profitables ? La tache pigmentaire de l’infusoire n’atteste-t-elle pas l’individuation de l’effort qui aboutira aux déterminations de l’organe oculaire ? Si la constatation en est acquise, en quoi les résultats seraient-ils plus faits pour surprendre que du redressement humain par le soleil ? Dans la réalité, cette hypothèse, qui peut paraître à quelques-uns téméraire, se réduit à une tautologie d’évidence, puisqu’il n’est rien de nos activités organiques qui ne soit sous la dépendance rigoureuse de l’activité solaire, laquelle, cessant, nous fera cesser[1].

Mais quand une évolution, aussi caractéristique que celle du redressement vertébral de certains mammifères, vient à se manifester, à se prolonger, à s’achever, il est impossible qu’en cours de route des énergies de renforcement ne s’y trouvent pas associées. L’apparition de la main ne peut être phénomène secondaire puisqu’elle accuse nettement la libération des membres antérieurs et leur adaptation à une vie déjà partiellement redressée[2]. Les sollicitations du besoin de savoir, veulent de l’homme qu’il relève la tête pour un face à face des oppositions du dehors et du dedans, dont le choc fait la conscience de la personnalité humaine. Nous la prenons ici dans l’acte commandant l’attitude

  1. Que d’autres combinaisons des substances solaires, telles qu’elles nous sont révélées par les étoiles, aient pu produire des diversités planétaires amenant d’autres formes d’humanité, c’est le contraire qui serait pour nous surprendre.
  2. Je n’ai point à m’arrêter ici à l’évolution de la main dont les origines, d’ailleurs, ne sont pas suffisamment déterminées. La main nous paraît venir des amphibies, des batraciens, des reptiles qui la tenaient d’ancètres inconnus. On sait que le cheval marche sur la dernière phalange de son troisième doigt, le premier et le cinquième ayant disparu, et le second et le quatrième ne subsistant qu’à l’état d’atrophie. Pour des raisons qu’on ignore, l’achèvement de la main s’est accompli chez les singes, l’homme n’ayant pas l’exclusif privilège du pouce opposable rencontré chez les Lémuriens, tout proches des ancêtres du singe. La vie arboricole peut avoir suscité l’apparition de la main. En tout cas, elle a décisivement contribué à son développement, à son achèvement par toutes les gymnastiques de la préhension.