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les âges primitifs

sement jusqu’à l’heure d’une approximation de l’horizontalité, déterminant, chez l’homme, la forme d’un véritable « bassin ». Dès que la verticale du trou occipital tombe au centre pelvien, le redressement se trouve achevé, demeurant les courbures compensatrices de la colonne vertébrale pour l’élasticité des mouvements qui ont passé de l’horizontale au fil à plomb. C’est seulement dans l’homme de nos jours — fût-il sauvage — que s’achève l’activité du redressement, puisque l’homme de la Chapelle-aux-Saints est moins droit que le Papou d’aujourd’hui.

Tous ces témoignages disent l’évolution de redressement, mais ne la montrent pas vivante comme le nouveau-né de l’homme qui, au bout de quelques semaines d’existence, fait effort à tout moment pour redresser sa colonne vertébrale jusqu’à ce qu’il vienne à bout de se mettre bientôt sur son séant. Significative reprise embryologique du mouvement évolutif qui a mis, et va mettre encore tout à l’heure, la créature humaine sur ses deux pieds. Reconstitué, le mécanisme du redressement vertébral, il faut bien s’attacher aux déterminations de synergies qui le mettent en œuvre. Même résumée en un phénomène d’héliotropie, l’évolution du redressement veut, comme toutes autres, des concours d’énergies aux mêmes fins.

Il est bien entendu que l’héli0tropie n’agit pas seulement sur le tournesol et les quelques autres plantes où l’attention du public l’a signalée. Elle exerce son action, des racines à la tige, sur toutes les fleurs, sur toutes les feuilles, jusqu’aux rencontres de la géotropie. Sous l’influence solaire, l’activité physico-chimique y développe diversement ses effets, avec les conséquences organiques de sensibilité, de motricité. Et nous retrouvons, en des formes nouvelles, tout au long de la série animale, les phénomènes de l’héliotropie végétale que nous avons conduits, avec la Linaria Cymballaria, jusqu’aux limites, selon Claude Bernard, d’un mouvement de même apparence que la conscience et la volonté.

Pour ce qui est des séries animales, tous les phénomènes de motricité héliotropique s’y développent en des coordinations qui ne peuvent être contestées. Que toutes les formes de l’énergie solaire aient concouru aux déterminations de nos organes aussi bien qu’à la production du milieu organique et aux échanges qui en sont résultés, l’accord se fait aisément là-dessus. Que