interrogé l’oracle de la Pythie, il faudra en venir à la prose de l’analyse spectrale du rayon lumineux, dont les indications, à l’inverse du mythe, se fixeront dans l’objectivité. Qu’importe la défaite de Julien, si le problème demeure, en un verbalisme nouveau, de s’abandonner à l’insaisissable, ou d’accepter l’âpre corps à corps de l’homme et du Cosmos pour des accomplissements de connaissance sur lesquels notre compréhension des choses se pourra fonder ? Ce n’est pas l’apparition d’une Divinité mythique, ni le récit de ses aventures, qui pourra nous éclairer sur les rapports des valeurs de subjectivité ou d’objectivité parmi lesquelles nous avons tant de mal à frayer notre voie. Du mythe le plus barbare jusqu’au plus raffiné, la succession n’atteste que des recherches de lumières ou le rayon visuel de prime saut se laisse dévier.
Les heureuses enquêtes de nos savants ont commencé de déblayer le chaos des abords de la mythologie. Échappant au contrôle, nos mythes se trouvent superlativement doués d’une puissance qui confère aux fidèles la tentation d’abuser. Les plus doux, comme notre Galiléen lui-même, portent le poids d’inouïes persécutions[1]. Pour l’histoire particulière des grands mythes je renvoie le lecteur aux savants. Non que la biographie de chaque personnage mythique ne soit un merveilleux sujet de commentaires, surtout à l’heure des cosmogonies. Mais je ne sortirais pas vivant d’un tel fourré. Toute la mythique est d’affabulations juxtaposées qui n’ont cessé de réagir les unes
- ↑ La noble victime du Golgotha, comme le Bouddha lui-même, rentre plutôt dans la catégorie des héros divinisés d’Evhémère. Cependant, dès les premiers essais de coordinations, le pullulement mythique s’est emparé du Crucifié. Le Sacré-Cœur et Lourdes en sont encore d’assez bruyants témoignages. Au moins ceux-là, jusqu’ici, n’ont-ils pas fait couler le sang.
autant de personnages divins mythiquement apparentés. Que de Dieux naquirent ainsi et même disparurent, sans avoir eu le temps de nous laisser l’éphémère vanité d’un nom évanoui !
On peut, à ce propos, remarquer que chez les peuples des pays chauds qui s’enferment en plein midi et déplacent leurs troupeaux la nuit, le culte de la lune amie a précédé celui du soleil. Tel fut apparemment le cas des Babyloniens, par exemple. Ce n’est que vers le milieu du siècle dernier qu’on reconnut le soleil pour la source de toute vie. On l’avait adoré parce qu’il se voilait d’éblouissante lumière. On avait adoré la lune parce qu’elle se dévoilait. Il fallait adorer à tout prix.