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CHAPITRE VIII

COSMOGONIES.

I

RÉVÉLATION, CHANT, POÉSIE, MÉTAPHYSIQUE

La mêlée des choses et les interprétations.

Le mot cosmogonie n’a pas de sens positif puisqu’il ne peut répondre à l’objectivité d’aucun moment. Que dire de l’engendrement, de la genèse d’un monde — planète ou Cosmos — dont nous avons reconnu qu’il ne pouvait avoir, en dépit de la narration biblique, ni commencement ni fin ?

Le théâtral fatras des émanations, des créations ne peut avoir qu’un intérêt de roman aux mesures des intelligences primitives. Je n’en aurais rien à dire si le malheur des destinées humaines ne voulait qu’à cette heure encore, sans tenir compte des progrès de la connaissance et de l’évolution intellectuelle qui s’en est suivie, ces fictions ne prétendaient s’imposer à tous comme l’arrêt suprême d’une intangible vérité de toujours.

C’est en ce point précis que se noue, dès les âges les plus lointains, la tragédie de l’homme et de son univers. Quels que soient les rêves de l’Asie primitive, l’intérêt de la haute aventure est moins des fantastiques extravagances dont on nous émerveille que des processus des formations intellectuelles à l’origine desquelles nous repérons les premières activités de la connaissance humaine.

Le dogme des théologies a cette commodité particulière que,