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Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 2.djvu/225

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au soir de la pensée

propagation de la vie. On connaît les admirables travaux de J. Loeb et de son école sur la fécondation de l’œuf, sur la germination. La vie est une oxydation. L’accélération ou la disparition des oxydations sont les deux piles du pont de la vie à la mort, de la mort à la vie.

Tous phénomènes se rejoignent : c’est le point le plus ferme de notre connaissance. Si la relativité de nos moyens nous arrête nécessairement quelque part dans la pénétration de certains rapports de l’univers infini, nos inductions d’expérience nous permettent cependant d’entrevoir quelquefois au delà de l’horizon par des lueurs d’hypothèses, comme il est arrivé pour l’atome et comme il arrivera probablement pour l’éther. Quand Lamarck écrivait que le système nerveux est une sorte d’accumulateur des énergies du milieu, transformées, il ne faisait que caractériser l’évidence du phénomène où convergent toutes les activités de l’homme en action de sensibilité.

Rien ne montre mieux à quel point le monde extérieur du milieu et le monde intérieur de l’organe se rejoignent, que les décisives expériences sur la parthénogenèse artificielle qui nous font voir, avec Jacques Loeb et Delage, l’excitation chimique, et même physique, de l’ovule, aboutissant au phénomène physiologique de la reproduction.

En posant le problème de la reproduction sous des formes diverses, la parthénogenèse expérimentale aboutit à faire, dans les phénomènes biologiques, la part de plus en plus grande aux éléments physico-chimiques. De là le grand retentissement des travaux de Loeb et de Delage, car c’est nécessairement à l’origine que la question se présente de l’entité entrant en scène ou des évolutions de minéralogie qui vont nous conduire, de transformisme en transformisme, à des formations d’existences nouvelles engendrées de « l’inorganisme » à « l’organisme ». Décisives à cet égard furent les premières activités physico-chimiques de la cellule et du plasma inaugurant la vie embryonnaire, surtout quand l’évolution de l’œuf étant troublée par l’intervention d’agents physico-chimiques, il fut démontré que l’être nouveau peut arriver à la naissance sans fécondation.

Ainsi la vie organique va continuer la vie physico-chimique dans l’ordre de la nature sans les virevoltes de métaphysique qui nous sont communément proposées. Du moment où la fécon-