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Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 2.djvu/228

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l’évolution

ront s’inscrire dans l’enchaînement général de l’organisme humain sous le nom de volonté ? Je n’y puis voir que des divergences de mots, propres à défigurer le caractère de phénomènes qu’ils n’expriment qu’à la condition de les transposer.

Aussi, me garderai-je bien d’entrer dans la distinction classique de « l’instinct » et de « l’intelligence ». Où commence, où finit le mouvement « automatique », dont l’évolution développera les manifestations jusqu’aux complexités du phénomène mental, tel que l’homme nous le présente aujourd’hui ? C’est beaucoup que le débat soit ouvert. Il n’est pas près d’être épuisé.

L’évolution mentale, de l’amibe aux vertébrés supérieurs, nous offre un champ de recherches où la succession des formations de pensées se pourra progressivement analyser. C’est l’évolution mentale de l’humanité elle-même qui entre en jeu, depuis l’homme de la Chapelle-aux-Saints ou de Néanderthal jusqu’au savant des temps modernes, à travers des accumulations de connaissances lentement coordonnées. Une carrière sans limites ouverte à notre impérieux besoin de connaître toujours et toujours au delà de connaissances provisoirement stabilisées.

Je me suis simplement proposé de faire entrevoir comment les éternels enchaînements de l’univers, fragmentairement reconnus dans les successions de phénomènes, nous permettent (nous commandent, devrais-je dire) de remonter, pour une étude positive, aux plus lointaines origines de notre phénoménologie. J’ai pris garde de me tenir à distance des conclusions précipitées. Je souhaiterais que la prudence de mes affirmations pût rassurer les esprits qui s’alarment à l’idée de franchir les barricades de méconnaissances à l’abri desquelles ils se sont archaïquement installés.


Tropismes, rythmes.


La matière de la psychologie comparée se trouvant toute neuve, de savants auteurs se sont donné la tâche d’ordonner les nombreux travaux institués en France et à l’étranger pour