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Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 2.djvu/334

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les âges primitifs

Cela n’affecte en rien le problème d’une descendance générale qui peut s’élargir ou se rétrécir, sans que les caractères spécifiques en subissent une notable atteinte. « La souche originelle (de l’humanité présente), écrit M. le professeur Boule, plonge ses racines dans un passé beaucoup plus ancien qu’on ne supposait jusqu’ici, et ne se raccorde vraisemblablement à la souche d’où sont sortis les anthropoïdes et le pithécanthrope, qu’à une époque très reculée, probablement au tronc commun d’où sont sortis tous les singes. Ainsi, l’évolution paléontologique humaine se rapproche de l’évolution d’un grand nombre de mammifères, chevaux, éléphants, ours, etc… »

À cela, M. l’abbé Mainage de répondre en la forme interrogative : « D’où vient l’homo sapiens ? Sa descendance est-elle totalement animale ? À ce point de vue, la réponse DE LA FOI ne saurait être douteuse. » C’est vraiment se tirer d’affaire à trop bon compte, puisqu’il s’agit non de la foi mais d’une connaissance d’observation positive. Il y a le Muséum. Il y a l’Église. Accords ou oppositions ? C’est la question inéluctable. Il ne peut être permis d’esquiver la réponse.

Les terrains paléolithiques — inférieur, moyen et supérieur — se partagent les ossements fossiles de nos ancêtres en d’autant plus grand nombre, comme il est naturel, qu’on se rapproche de la surface. Je ne dis rien des temps géologiques d’inégales durées, dont les mouvements jouent sur des millions et des millions d’années. Cette histoire est hors de nos communes mesures. Il faut, pourtant, en tenir compte si l’on veut vraiment observer.

Je ne puis pas m’arrêter à l’outillage de la préhistoire dont l’étude a cependant conduit à d’intéressantes généralisations. On en a fait des descriptions détaillées, avec corroborations de photographies. On a pris soin de classer tous outils selon leurs caractères d’origine et d’utilisation. Le choix de la matière, sans doute, amena des campements de fortune dont nous ne saurons jamais rien. C’est déjà un stage appréciable de protohistoire, succédant aux temps de primitivités où l’homme se contentait d’une pierre ou d’un bâton, pris au hasard, pour frapper.

Par des éclats de toutes formes, le silex l’invitait à façonner ses instruments d’après des modèles de rencontre qui l’avaient aidé. Les classements d’objets selon le terrain des découvertes