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au soir de la pensée

nouvelle sur évolution de l’univers. L’univers aurait été formé d’hydrogène prodigieusement raréfié. Avec des durées fort inégales… cette matière s’est lentement agglomérée en immenses flocons prégalactiques. Dans chaque flocon, l’hydrogène s’est accumulé en nébuleuses, puis, à mesure que les atomes lourds naissaient, en soleils constituant une voie lactée. Cette condensation en étoiles à la fin éteintes, faites d’atomes de plus en plus lourds, a pu ou pourra s’étendre sur quelques trillions d’années. »

On comprendra qu’en une telle matière je m’abstienne de commenter. Qu’il nous soit permis, après avoir entendu M. Jean Perrin, de prendre le temps de respirer. Cela serait d’autant plus nécessaire que voici donc enfin la désintégration de la matière convertie en intégration. On peut prévoir de mauvais jours pour l’entropie.

Pouvons-nous donc tenir pour certaine la carence de l’atome substantiel ? Des calculs compliqués révèlent que sa masse est nulle. Il ne serait donc qu’une apparence des phénomènes électromagnétiques provoqués par le déplacement de la charge électrique dans l’éther environnant. Lavoisier avait « démontré » l’invariabilité de la masse. On admet maintenant que la masse va croissant avec la vitesse, aux dépens du milieu continu qu’est l’éther. Comme l’éther ne s’est pas encore présenté sous la lentille de l’ultra microscope, ses réactions jusqu’à ce jour nous sont inconnues.

Ainsi, tout ce que nous pouvons dire de la matière et de l’énergie se réduit, comme en toutes investigations, à un ensemble d’observations vérifiées et d’hypothèses (parfois contradictoires) appelant la vérification. Cela peut choquer les maîtres de l’absolu. Mais, pour nous, simples humains, c’est cet ensemble d’interprétations de positivité jusqu’à la rencontre du doute, qui fait la valeur de notre connaissance.

Aujourd’hui les développements irrépressibles de notre état mental, avec l’épuisement d’une scolastique d’abstractions, à l’heure où les observations positives prennent place hardiment à l’extrême front de la bataille pour l’élaboration de la pensée, nous ramènent, en des formes nouvelles, aux vieux problèmes de la substance et de la force, toujours agités, jamais résolus. Même s’ils étaient humainement insolubles, il ne nous serait