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au soir de la pensée

sont éminemment propres à nous déconcerter. On peut parler, cependant, d’une approximation de chronologie pour les couches de sédiments déposés au fond des mers primitives, depuis que les dispositions des roches, les rapports des terrains avec leurs fossiles, nous ont permis de fixer les stages d’une succession ordonnée de phénomènes. Mais alors, comment évaluer en milliers de siècles la durée des périodes géologiques ? « Cette durée est effrayante, confirme M. le professeur Boule ; elle doit être représentée par des chiffres analogues à ceux que les astronomes emploient pour évaluer les distances cosmiques »[1].

Roches sédimentaires et roches éruptives combinant longuement leurs rencontres avec les océans jusqu’aux configurations des continents actuels. Après le feu, la mer devenait maîtresse du globe fumant. Une mer lourde d’éléments en suspension, en dissolution, à de hautes températures. Du fond des eaux, par les précipités, les couches sédimentaires vont s’accumuler, refouler les révoltes du flot encore souverain, et se former d’une lente progression, en plaines, talus, vallées, rochers de blocs dominateurs.

L’écorce refroidie était alors trop mince pour que la masse brûlante fît attendre ses premières revanches. La croûte fragile à peine rompue, la masse en fusion reprenait provisoirement sa puissance pour de nouvelles interventions de l’océan. Ce fut un jeu de longs âges[2] à qui garderait sa maîtrise, des ouragans

  1. Les Hommes fossiles. Le dépôt des couches sédimentaires aurait demandé une durée comprise entre 90 et 600 millions d’années. Par un autre mode d’évaluation, Rutherford est arrivé à un chiffre de 400 millions d’années. Selon Arrhénius, la condensation de l’Océan serait vieille de 100 millions d’années. Ces chiffres ne peuvent être pris qu’à titre d’évaluations largement approximatives.
  2. Inutile d’entrer dans le dénombrement et la caractérisation des terrains déterminés, à ce jour, par leur composition, leur flore, et leur faune. J’en donne simplement la liste par ordre d’ancienneté, avec leurs subdivisions principales :

    Terrains archéens (gueiss et micaschiste), et terrains primaires (cambrien, silurien, dévonien, carbonifère, permien). Les granits et les porphyres sont des roches éruptives de la période primaire.

    Terrains secondaires (trias, jurassique, crétacé). Le jurassique, principaement subdivisé en lias et colithe.

    Terrains tertiaires (éocène, oligocène, miocène, pliocène).

    Terrains quaternaires. Alluvions anciennes et modernes. Apparition de l’homme.

    Je consigne ces indications pour permettre au lecteur de s’y reporter quand le sujet amène l’un des termes sous ma plume.