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L’ÉVOLUTION HUMAINE

comme nos colons, sur les terres du Nouveau-Monde, devenues à leur tour le centre d’enseignement pour toutes les nations civilisées ? »

Non, il n’en sera point ainsi, conclut M. Elisée Reclus. L’Europe ne verra point la bande de touristes Néo-Zélandais, conduite par une agence Cook d’Océanie, qui devait venir un jour, suivant Macaulay, visiter curieusement les ruines de Westminster. « Les mouvements de civilisation ne se propagent plus suivant une ligne de moindre résistance, mais se répercutent d’une extrémité du monde à l’autre, comme les ondulations qui frémissent à la surface d’un étang et vont se réfléchir sur le rivage. »

Le foyer de lumière ne peut plus s’avancer de l’Orient à l’Occident, suivant la marche du soleil. L’esprit colonisateur a, d’étape en étape, conquis le globe et ceint la planète d’un ruban de lumière, comme le proposait Puck à Titania. Parti de l’Egypte, de la Chaldée, de l’Inde, l’esprit humain à pris son vol. Athènes, Rome, ont cru le fixer. Il va toujours, conquiert toutes les terres habitables et revient, plus puissant, à son point de départ. « C’est ainsi que, grâce à l’Occident, la Grèce a pu se reconstituer, et qu’elle a cessé d’être une terre de ruines pour se couvrir de cités nouvelles. De même les pays où nous cherchons les origines premières de notre civilisation, l’Egypte, la Chaldée, l’Inde surtout, sont désormais partie intégrante du monde moderne. La fille a retrouvé sa mère. »

Sur le fond immuable des nations la science étend son universel empire, « et les mêmes livres d’étude qui servent aux Européens sont entre les mains des Japonais, des Hindous et des Cafres Basouto ». L’ère de civilisation commence pour le Nouveau-Monde, sans être