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Page:Clesse - Chansons, 1866.djvu/232

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" — Du riche, père, je me fiche ;
" Et contre moi tu le défends ! »
— " Non, je ne défends pas le riche :
" Je songe à tes petits enfants.
" A Madelon, femme qui pleure et t’aime,
" Et de tes fils allaite le dernier ;
" Je te défends enfin contre toi-même :
" Brise l’arme du braconnier ! »

" Mon champ, mon logis sont à vendre :
" Le travail nous les a donnés !
" Un autre viendra nous les prendre :
" Tous les deux nous y sommes nés !
" La pauvreté pourra peu me poursuivre :
" Vieux, j’entrevois un ciel hospitalier…
" Mais tes enfants ont tant de jours à vivre !
" Brise l’arme du braconnier ! »

— " Quoi ! mes enfants dans la misère !
" Insensé ! je partais joyeux…
" Père, je garde ta chaumière :
" Le bonheur fermera tes yeux.
" Prends mon fusil… C’est le fusil d’un maître
" Que de perdrix il mit dans mon carnier !
" Père, demain je chasserais peut-être…
" Brise l’arme du l^raconnier ! »

Juin 1851.