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Page:Closset - L’Ombre des roses, 1901.djvu/14

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LE SOIR.



Les pivoines se sont épanouies aujourd’hui,
Mais le vent a cassé une branche à l’érable,
Elle est sous l’arbre encor, mouillée de pluie
Avec ses feuilles dans le sable…

Maintenant le soir est venu très doux.
Et la lune est rose dans un halo roux.

Il pleut : j’allumerai ma lampe sur la table,
Et puis, je viendrai m’accouder à la fenêtre
Pour sentir à côté de ma chambre toute claire,
Les anges qui n’y entrent pas, rôder dans l’air.

À présent j’ai pitié des jardins si solitaires,
Mais la lune, là-bas, est la plus solitaire,
Et les pivoines lourdes se penchent dans l’allée 
Avec du sommeil triste plein leur tête fanée.

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