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Page:Closset - L’Ombre des roses, 1901.djvu/41

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LES ANGES.



Des anges, maintenant, sont passés dans le vent :
Ils laissent sur la mer flotter leurs ombres
Comme de grandes violettes qui se fondent.
Et volent, balançant leur ronde.

Ils ont laissé tomber, les anges, mille plumes,
Et mille cygnes viennent du fond de l’horizon.
Mais ce sont sur la mer les longs bras de l’écume
Qui rament sous la lune, et s’en viennent et vont.

Les anges sont montés sur la dune pâlie,
Ayant su traverser les ruisseaux de roseaux,
Et béni les iris à la fleur endormie,
Et répandu le soir dans l’air et dans les eaux.
 
Mais voici qu’une fille a pleuré sur la dune !

Une fille pleure un peu, et pour l’amour de rien,
Et pour l’amour, enfin, s’est enfuie sous la lune, 
Et les anges respirent blottis contre son sein.

Ils sont venus ce soir du bout du ciel divin,
Et du fond de la mer, et de l’air et de l’ombre,
Pour s’abriter au creux de son petit chagrin
Plus mystérieux que le monde.

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