Blaise, agenouillé, dans sa main
Soulève un coquillage vain
Où chantent le vide et la mer,
Et songe qu’il n’a point de Frère.
L’automne est venu sur la mer
Avec ses tristes violettes
Et les ombres rousses et vertes
Des nuées des pays d’hiver.
Blaise embarque son âme ici,
À la rencontre de quelque ami,
Son âme claire, qui est quelquefois aussi
De toutes les couleurs de la pluie.
Là-bas, Gilles implore doucement le vent
Oui palpite entre son cœur et le cerf-volant.
Et se plaint comme un pauvre petit orgue chantant
Parce que plus rien ne peut arriver à temps.
Tout au beau milieu de la mer,
Où l’eau est calme d’être immensément profonde,
Ce soir, leurs deux solitudes vagabondes
Se croiseront, plus que jamais solitaires.
Or, demain, comme ce matin et comme hier,
Sur les deux rives de la mer,
Chacun n’ayant pas vu son Frère
Oui dit, comme lui, sa prière
De l’autre côté de la mer,
Gilles et Blaise seront toujours
Aussi riches et aussi pauvres d’amour.
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