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Page:Closset - L’Ombre des roses, 1901.djvu/8

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L’OMBRE DES ROSES.



Vous viendrez seulement jusqu’à l’ombre des roses.
Vos pieds la toucheront, vous vous arrêterez
Au bord du sable blanc où cette ombre se pose
Et tourne, suivant l’heure, à la saison d’été.
Vous viendrez de la mer et monterez la côte
Dans l’odeur du jasmin que j’ai planté pour vous,
Et je vous attendrai pour vous dire des choses
Que vous écouterez en respirant les roses,
Et l’ombre de mon âme pâlira jusqu’à vous.

L’ombre des roses rondes sera tendre et foncée
Sur le sable léger de mon jardin fermé
Où vous viendrez un peu quand ce sera mon jour ;
Je ne toucherai pas votre main ni vos yeux,
Je regarderai loin, par au delà, les cieux
Et la mer, et cette ombre à vos pieds dessinée
Et je n’oserai pas songer à mon amour.
Je me tiendrai debout dans un autre sentier
D’où les troènes blancs, sous les acacias,
Toucheront mes épaules de leurs doigts délicats ;
Et je contemplerai venir vos petits pieds.

Vous resterez pour moi autant que vous voudrez
Et ce sera l’instant de toute éternité…

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