triste temps vers lequel vous reportez mes souvenirs, et j’aime à penser qu’après ces orages, ses idées sont devenues justes et élevées, comme son âme l’était dans le calme. Nous sommes tous ainsi plus ou moins ; la colère et la haine sont des maladies qui nous tueraient, si la Providence ne les avait faites de courte durée. Je ne suis pas plus qu’une autre à l’abri de ces passions….. »
Et à la mort d’Alfred Tattet, en novembre 1856, ces tableaux, m’a dit une personne de sa famille, furent retrouvés dans le grenier où ils avaient été mis en 1835 et où peut-être ils sont encore.
Cependant Alfred de Musset et George Sand sont tous deux moralement à bout de forces ; ils ne peuvent plus se voir sans se quereller et n’ont pas le courage de se quitter. Ils se rencontrent, ils s’écrivent encore, mais le dénouement est proche :
«…..Il me semble comprendre à ta lettre, répond Musset à un billet de G. Sand, que nous ne nous verrons plus avant ton départ et le mien. Je pars lundi ; ma place est retenue dans la malle-poste de Strasbourg[1] ; les derniers mots de ton billet ont l’air d’un adieu et un mot de notre dernière conversation m’a presqu’ôté le courage de t’en dire un autre. Je suis étonné qu’il reste dans mon cœur de la place pour une souffrance nouvelle. Qu’il en soit ce qui plaît à Dieu….. »
C’est George Sand qui se reprend la première ; le 6 mars, elle écrit à Boucoiran : « Aidez-moi à partir aujourd’hui ». Et le lendemain, Musset venant au rendez-vous, trouve la maison vide :
- ↑ Si Alfred de Musset est parti, ce qui est peu probable, il est retourné à Montbard, dans la Côte-d’Or. C’est alors qu’il aurait visité la maison de Buffon et écrit sur un panneau de la boiserie les vers qu’on lui attribue. — Voir à ce sujet la plaquette intitulée : Le Centenaire de Buffon. Troyes, Mongolfier. 1889. In-8º.