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paraît-il, serait devenu nécessaire au triple point de vue religieux, politique et social.

Le prestige religieux ou plutôt divin de l’empereur est le premier et le plus puissant motif qui ait fait songer à un tel projet. Inviolablement enfermé derrière les multiples et formidables enceintes qui entourent ses immenses domaines, héritier d’une dynastie qui détient le pouvoir depuis plusieurs siècles, fantastiquement grandi surtout par des légendes séculaires, l’empereur apparaît aux yeux de son peuple avec les proportions d’un dieu, rejeton sacré de toute une lignée de dieux, descendant du soleil comme une traînée de lumière.

À un tel titre, il est tout naturel que l’empereur possède à la fois le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. De même, il semble évident que son peuple doive lui rendre les honneurs divins. De là, dans la race, cette force vitale qui, bien loin de s’altérer au contact actuel des courants envahisseurs de la civilisation étrangère, cherche plutôt à se les assimiler, selon le principe d’un défiant éclectisme, constamment invoqué et s’énonçant ainsi : « Prends à l’étranger tout ce que tu y trouves de bon et japonise-le, mais rejette bien vite ce qui est contraire à la constitution nationale. » C’est en vertu de ce principe qu’autrefois on a japonisé le servile bouddhisme et que, ne pouvant en agir ainsi avec l’incorruptible catholicisme, on l’a tout simplement anéanti par la persécution.

Or il en va un peu de même encore aujourd’hui. Le Japon est ouvert à toute forme de matérialisme, mais il est plus circonspect au point de vue religieux. Extrêmement jaloux de conserver intact son caractère national, il s’imagine voir un élément destructeur dans le catholi-