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croisant et s’y mêlant continuellement ! Presque pas de voitures traînées par ces bêtes ! Et puis, quelle étrange manière de conduire les chevaux ! Au lieu d’être monté sur sa voiture, comme on le fait à l’étranger, le conducteur, ici, marche, les bras croisés, très souvent, devant son cheval, qu’il guide par une corde. Et c’est là, non pas seulement une coutume, mais une loi d’ordre public. Quelle en est la raison au juste, je ne sais. En tout cas, comme tout le monde marche dans la rue, c’est bien moins dangereux ainsi pour les promeneurs inattentifs, le conducteur de la voiture étant bien placé pour avertir les gens de lui livrer passage.

D’ailleurs, il y a peu de chevaux au Japon, surtout dans les régions méridionales. En revanche il y a une foule de ni-guruma ou petites charrettes traînées par des hommes ou même par des femmes, et sur lesquelles on transporte toutes sortes de colis.

L’étranger ne remarque pas sans étonnement, non plus, les nouvelles maisons que l’on construit. À peine a-t-on dressé la charpente, qu’on fait le toit définitivement. Or, qui niera que ce ne soit pratique, lorsqu’il pleut ? Le menuisier japonais, travaille, lui aussi, différemment de l’ouvrier étranger : il a des instruments, par exemple le rabot et la scie, fabriqués de telle sorte que, au lieu de les pousser, il les tire sur lui. Vraiment, on dirait que ces Japonais ont juré de faire tout en sens inverse des autres peuples.

Et cela n’est encore que de la vie publique. La vie privée réserve à l’étranger bien d’autres surprises.